Écosophie du numérique : Mettre en œuvre les principes FAIR(e)
21 janv.-1 juin 2022

Présentation des journées EVEille 2022

Pour une écosophie du numérique : mettre en œuvre les principes FAIR(e)

Après une première édition en 2020-2021 consacrée à la « Constitution des données de la recherche » (Journées EVEille 2021), le programme EVEille engage une réflexion, en 2021-2022, en faveur d’une « Écosophie du numérique : mettre en œuvre les principes FAIR(e) » ou pour le formuler de manière pragmatique et critique, comment transformer les « principes FAIR(e) » en « pratiques FAIR(e) », en ajoutant le « e » d’éthique et écologique, donc d’« écosophique ».

Enjeux

Selon Félix Guattari, l’« écosophie » désigne « l’articulation éthico-politique entre les trois registres écologiques, celui de l’environnement, celui des rapports sociaux et celui de la subjectivité humaine » (Guattari, Les Trois écologies, Galilée, 1989, p. 12-13). Comme l’a rappelé Yves Citton, la préoccupation écosophique vise à « promouvoir de nouvelles pratiques (de ralentissement, de circuits courts, de mise en commun des savoirs et de la créativité, de décroissance, de nouvelles formes de production et de consommation ») qui permettent de « revaloriser les liens qui nous attachent les uns aux autres ainsi qu’à notre environnement » (Citton, Pour une écologie de l’attention, Seuil, 2014, p. 156). En plaçant au cœur de la réflexion sur les Humanités numériques la notion d’« écosophie », ces journées voudraient revenir sur les soubassements et les implications éthiques de la pratique du numérique dans le champ des Humanités, en examinant la manière dont le recours au numérique affecte nos objets et méthodes de recherche. Les préceptes du FAIR (que les données de la recherche soient « Findable, Accessible, Interoperable, Reusable », ou, en français, « Faciles à trouver, Accessibles, Interopérables, Réutilisables ») constituent un point d’ancrage intéressant pour engager une telle réflexion, réinterroger dans la pratique la faisabilité et les conditions de mise en œuvre de ces préceptes.

Si l’utilisation des procédés informatiques a relevé d’abord, comme dans toutes les autres disciplines scientifiques, d’une évolution de l’outillage technique et méthodologique, il s’est aussi accompagné d’une transformation des pratiques de recherche, des modes d’appréhension des objets comme des interactions intellectuelles au sein de communautés nouvelles, qui touchent aussi bien le monde académique que la société civile. L’« écosophie », ou « sagesse de l’habiter », invite à questionner ces pratiques d’ancrage du numérique au sein du champ des Sciences Humaines et Sociales.

Questionnements

Comment nos pratiques de recherche, dont les singularités dépendent pour l’essentiel d’héritages épistémologiques et méthodologiques qui datent de l’ère pré-numérique, se transforment-elles avec le développement de nouvelles formations, de nouveaux logiciels, et plus largement de nouvelles cultures scientifiques dans le domaine des Humanités ? L’usage de ces outils numériques produit-il réellement un changement de paradigme dans les modalités d’appréhension et d’exploration de nos objets scientifiques ? D’un autre point de vue, comment les contraintes institutionnelles, et notamment les formes de recrutement et de financement sur projet, qui définissent de nouveaux horizons pour la recherche, tendent-elles à infléchir ce rôle du « numérique », avancé comme un argument d’autorité dont la portée épistémologique ne serait plus à interroger ? Ou pour renverser la perspective, par quels usages, et partant, par quelles appropriations, les humanistes numériques peuvent-ils redéfinir les modalités d’un « faire numérique » qui soit avant tout « écosophique », c’est-à-dire fondé sur un retour critique pleinement coopératif, nourri de pratiques plus que de préceptes, au service de l’humain, envisagé dans ses rapports complexes avec le monde ?

S’il s’agit ici d’interroger les conditions de possibilité d’une « écosophie du numérique », dans ses enjeux éthiques et ses implications écologiques, c’est bien sous l’angle d’un « faire écosophique » que l’on considérera la question. Comment les humanistes numériques s’attachent-ils/elles aujourd’hui, par leurs projets, à « habiter » le numérique ? Quelles empreintes de leur sensibilité, de leur être-au-monde, de leurs relations intersubjectives y déposent-ils/elles ? Quelles pratiques collaboratives y déploient-ils/elles et quelle inscription durable veillent-ils/elles à y élaborer ? En somme, sur quelles valeurs et avec quels outils et méthodes peut trouver à se construire l’humanisme numérique des années à venir ?

Organisation des journées

Les 5 journées s'organiseront autour de trois sessions récurrentes qui construiront progressivement un parcours dans ce champ d'interrogation.

Session 1 « Infrastructures » animée par Giovanni Pietro Vitali

La réflexion sur la gestion et l’utilisation des données, dans le respect des principes FAIR (Findability, Accessibility, Interoperability, Reuse) est structurellement liée à la question des infrastructures par l’intermédiaire desquelles ces données sont stockées et manipulables.

L’impression que l’on a en analysant l’évolution des infrastructures dans un contexte international est que la communauté scientifique et de développeurs avance souvent dans un ordre aléatoire. Cette situation complique sans aucun doute les efforts de tous les collègues qui tentent de structurer des projets dans lesquels les données suivent les lignes directrices FAIR, car la création d’infrastructures fragiles ou destinées à la fermeture sont des occasions manquées dans le partage de la connaissance humaine.

En considérant l’importance des infrastructures dans le monde de la recherche, surtout en humanités numériques, nous souhaitons proposer un espace de réflexion et de discussion sur la question des principes et infrastructures FAIR selon trois axes : valeurs, situations et solutions. Au cours de ces rencontres, les entretiens engagés avec des chercheurs de contextes internationaux différents permettront de faire le point sur la création et le développement d’infrastructures pour les humanités numériques.

Session 2 « Chaîne éditoriale » animée par Guillaume Porte

La session « Chaîne éditoriale » propose l’exploration du processus de création d’éditions numériques structurées depuis l’acquisition des données jusqu’à leur diffusion et leur (potentielle) réutilisation, en s’appuyant sur une démarche en cours à la Maison Interuniversitaire des Sciences de l’Homme - ALSACE (MISHA), qui vise à proposer aux chercheur.e.s, doctorant.e.s et étudiant.e.s des sites Alsaciens un « pipeline » éditorial à géométrie variable :

• une chaîne de bout en bout, relativement générique, permettant au plus grand nombre de produire des éditions structurées, interrogeables, FAIR et publiées au format numérique et/ou papier ;

• des points d’entrées et de sorties multiples permettant à des projets plus avancés de s’appuyer sur une infrastructure commune.

S’inspirant de pôles et d’initiatives existantes, ce pipeline entend aussi veiller à une certaine économie technologique en s’appuyant sur des systèmes et outils déjà bien rodés. Pensé à dimension régionale afin de rester au plus près des éditeurs et éditrices, ce projet présenté en trame de fond espère susciter des démarches similaires dans d’autres MSH ne bénéficiant pas encore de ce type de services.

Organisées sous la forme de présentations ou de tables rondes, les séances de cette session permettront d’évaluer les différentes étapes, acteurs et actrices, outils, nécessaires à la mise en place d’un projet de ce type.

Session 3 « Méthodes et Outils » animée par le groupe OLIO

OLIO (Outils libres interopérables et ouverts pour la recherche en Humanités) est un regroupement de différents acteurs des Humanités numériques qui veulent engager un questionnement critique collectif sur l’utilisation et la constitution d’outils numériques et sur la manière dont les choix et les modalités de réalisation de ces outils conditionnent et façonnent l’objet scientifique. Le groupe OLIO veut fédérer :

• celles et ceux qui créent les outils ;

• celles et ceux qui conçoivent des dispositifs de recherche et de publication fondés sur ces outils appliqués à des objets variés (textes sur divers supports, images, sons), qu’ils viennent des institutions de la recherche en humanités (laboratoires, MSH, écoles doctorales), du monde des bibliothèques ou de la culture (associations, musées, archives) ;

• les usagers des objets numériques produits : lecteurs, public, chercheurs, enseignants, étudiants, pour inclure dans la réflexion une analyse des utilisations qui en sont faites et des besoins réels des utilisateurs.

Les activités d’OLIO comprennent l’analyse d’usages et l’expérimentation d’outils, l’organisation de rencontres scientifiques, la publication, la diffusion de données et développements et l’organisation d’ateliers, de formation et tout autre moyen d’accompagner à la pratique et à la prise en main des différents outils ou scénarios de recherche.

OLIO est, pour l’instant, porté par Florian Barrière (MCF, Litt&Arts), Anne Garcia-Fernandez (IR, directrice adjointe, Litt&Arts) et Richard Walter (IR, Thalim), avec une gestion administrative prise en charge par les deux laboratoires cités.

Appel à participation

Autour de ces trois sessions pourront être intégrées d’autres interventions de chercheuses et chercheurs, ingénieur.e.s, documentalistes, éditrices et éditeurs numériques, responsables de projets, intervenants ponctuel.le.s, stagiaires, vacataires, permanent.e.s, utilisatrices et utilisateurs réguliers ou occasionnel.le.s, qui souhaitent participer à cette réflexion collective. 

Ces interventions autonomes permettront de rendre compte au fil de l’eau de retours d’expériences, projets en cours, publications récentes, en rapport avec les enjeux des journées. Les propositions doivent être soumises sur le site Sciencesconf EVEille 2022, au moins un mois avant la journée concernée. 

Les interventions seront annoncées dans les programmes détaillés des journées, diffusés au fur et à mesure sur le site Sciencesconf EVEille 2022.

   

PRÉSENTATION DU PROJET EVEILLE

Le projet EVEille (Exploration et Valorisation Electroniques des corpus En SHS) a pour objectif premier d’accompagner les jeunes chercheur.e.s ou les chercheur.e.s confirmé.e.s qui souhaitent s’initier aux Humanités au sein de pratiques de recherche nouvelles ou engagées de longue date. Il entend développer progressivement une réflexion collective critique sur les enjeux épistémologiques du virage du “tout-numérique” à l’heure actuelle, dans le monde académique notamment, afin de faire de l’outillage un réel lieu de réflexion sur les pratiques de la recherche, les visées et les orientations implicites introduites par le recours au traitement numérique des corpus.

Le projet EVEille est porté par Régine Battiston, directrice du laboratoire ILLE, Anne Réach-Ngô, maîtresse de conférences HDR à la FLSH, Marine Parra, doctorante à l’ILLE.

CALENDRIER DES JOURNÉES EVEILLE

CONTACTS

Anne Réach-Ngô, Régine Battiston, Marine Parra : Projet-eveille@uha.fr

Voir le carnet de recherche de l’évènement : https://eveille.hypotheses.org

COMITÉ SCIENTIFIQUE

Florian Barrière (Litt&Arts)
Régine Battiston (ILLE)
Anne Garcia-Fernandez (Litt&art)
Marine Parra (ILLE, Temos)
Guillaume Porte (ARCHE)
Romane Marlhoux (ILLE)
Anne Réach-Ngô (ILLE)
Benoît Roux (ERIAC)
Giovanni Pietro Vitali (DYPAC)
Richard Walter (THALIM)
Pierre Willaime (aHP)

RÉSEAUX SOCIAUX

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